samedi 31 octobre 2015

L' AFFICHE DE L'EXPOSITION modification, attention ! ...

La conférence de Gérard TAUTIL n'aura pas lieu au théâtre de l'abattoir mais  dans
LA SALLE AUTHIE (salle de cinéma au quartier Saint Roch) mardi 10 novembre à 18h



 Le flyer


mercredi 21 octobre 2015

Quartier SAINT-JEAN, chapelle SAINT-JEAN


(




Jean de GANTÈS qui était gentilhomme, naquit à Cuers le 25 janvier 1328. Depuis plus d’un siècle, sa famille était dans cette ville et toujours fidèlement alliée des GLANDEVÈS, seigneurs de Cuers. Son petit-fils Pierre de GANTÈS naquit à Cuers en 1410, il fut licencié en droit, devint un savant jurisconsulte, sa fille, Marguerite de GANTÈS épousa en 1460 Frédéric de Lauris, seigneur de Lambesc. Un autre de ses descendants fut Procureur Général au parlement de Provence en 1634.

Jean de GANTÈS, par sa vaillance et son courage s’était acquis le titre de Premier Chevalier de Provence. La Reine Jeanne de Naples, comtesse de Provence1qu’il avait suivie à Naples, l’avait mis à la tête d’une armée importante et, il se signala tellement qu’il fut appelé GANTÈS le BRAVE. Il alla ensuite à Rome pour y soutenir devant le pape Clément VI la cause et les intérêts de la Reine Jeanne. Le Saint-Père le combla de faveurs et lui remit pour Cuers, sa ville natale, des reliques précieuses de Saint-Pierre, patron de Cuers, qui furent placées dans un bras d’argent que possède encore l’église de Cuers.

En 1373 les Tuchins, bandes de brigands qui ravageaient la Basse Provence dont ils se rendaient maîtres peu à peu vinrent faire le siège du château de Cuers.
Jean de GANTÈS, le brave, était dans ses murs ; il fit une sortie à la tête des hommes d’armes, chassa les assiégeants et s’enferma de nouveau dans le château. Les Tuchins, battus, s’enfuirent et allèrent attaquer le château de Solliès.
Jean de GANTÈS, appelé au secours de Solliès, partit de Cuers à la tête de ses hommes d’armes, passa par le chemin de Valcros puis de Valauris et tomba sur les Tuchins qui étaient devant les remparts de Solliès. Il les battit et ils s’enfuirent dans les plaines entre Solliès et Cuers.
Jean de GANTÈS les rattrapa au quartier dit depuis Lei  Tremouledo » (lieu où l’ennemi trembla)2 et les écrasa complètement à l’endroit où se trouve actuellement la chapelle Saint-Jean qui fut élevée en l’honneur du saint patron de Jean de GANTÈS et pour perpétuer le souvenir de cette victoire qui avait sauvé la contrée de Solliès, Cuers et Hyères.
En 1374, d’autres bandes de brigands s’étaient formées qui ravageaient la Provence. Et les Etats du Pays s’assemblèrent à Aix pour délibérer sur les moyens de la délivrer de l’incursion de ces brigands et les députés choisirent Jean de GANTÈS et Jean SIMEONI comme les seuls généraux capables de détruire ces bandes qui furent exterminées par eux.


            La Reine Jeanne avait donné à Jean de GANTÈS pour devise « Sense rèn gigantès » (Avec rien, tu te comportes comme un géant).

            Jean de GANTÈS, couvert de gloire et d’honneurs et avancé en âge, mourut à Cuers en l’an 1389. Et son nom n’a pas disparu grâce à cette chapelle Saint-Jean élevée en souvenir de sa vaillance et de sa gloire en l’honneur de son Saint patron.


1[i] La Reine Jeanne : Au passage pour l’Italie (venant d’Avignon), elle s’arrête à Hyères, démembre la forêt des Maures en faveur des habitants. Des droits de «  pâturage et glandage » sont concédés aux habitants de Pierrefeu. Moyennant 15 ducats d’or, Jeanne concède le droit de récolter sur les chênes l’insecte appelé kermès, d’où l’on tire une précieuse couleur écarlate. Pour 100 florins, elle abandonne le droit de pêche sur l’étang long d’Hyères. Jacques de Galbert reçoit la seigneurie de Brégançon avec ses dépendances et il est nommé amiral des mers du Levant


2 Explication écartée, voir origine du nom « les trémourèdes » vient de « Lei tremoledas » ou « tremoredas » lieu planté de trembles, ou tremblaies.


Notes recueillies par Noelle  Delahousse auprès de Jaume Pietri





Les écrivains provençaux à Cuers


Jean Aicard (Toulon 1848 – Paris 1921) auteur de nombreux poèmes, pièce de théâtre, romans et nouvelles ; en 1894, il devient président de la Société des gens de lettres, son œuvre est notée comme le « romantisme méridional ; en 1909 il entre à l’Académie française, puis en 1920 il est élu maire de Solliès-ville. Le Musée Jean-Aicard - Paulin-Bertrand est à La Garde.


Henri Bosco (Avignon 1888 – Nice 1976) est issu d'une famille provençale, ligure et piémontaise. Musicien, enseignant, romancier, il obtient le Prix Renaudot pour Le Mas Théotime, et le prix Louis Berthou, de l'Académie française, en 1947. En 1953, sa carrière de romancier est couronnée par le Grand prix national des Lettres. En 1968, Henri Bosco se voit décerner le Grand prix de littérature par l'Académie française, pour l'ensemble de son œuvre. 1966, Il se vit honorer du Prix de l'Académie de Vaucluse, récompense décernée pour la première fois par le conseil général.


Alphonse Daudet (Nîmes 1840 – Paris 1892), de santé fragile, souvent très malade, il fut journaliste et écrivain. Certains des récits des Lettres de mon moulin sont restés parmi les histoires les plus populaires de notre littérature, comme La Chèvre de monsieur Seguin, Les Trois Messes basses ou L'Élixir du Révérend Père Gaucher. Le premier vrai roman d'Alphonse Daudet fut Le Petit Chose écrit en 1868. Il s'agit du roman autobiographique d'Alphonse dans la mesure où il évoque son passé de maitre d'étude au collège d'Alès.


Jean Giono (Manosque 1895 – Manosque 1970)  est reconnu comme un romancier de la haute Provence. . Il reçoit en 1929, le prix américain Brentano pour Colline, ainsi que le prix Northcliffe en 1930 pour son roman Regain. Il est nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1932. Les événements du début des années 1930 le poussent à s'engager politiquement. Il adhère à l'Association des écrivains et artistes révolutionnaires (mouvance communiste) mais il s'en désengage très rapidement. En 1953, le Prix littéraire du Prince-Pierre-de-Monaco lui est décerné pour l'ensemble de son œuvre. Il est élu l'année suivante au sein de l'Académie Goncourt. De plus en plus intéressé par le cinéma (son film Crésus sort en 1960), il préside le jury du Festival de Cannes en 1961.

Frédéric Mistral (Maillans 1830 – Maillans 1914) Mistral est un fils de ménagers aisés (François Mistral et Adélaïde Poulinet, par lesquels il est apparenté aux plus anciennes familles de Provence . À partir de 1848, il se fait le chantre de l'indépendance de la Provence et surtout du provençal « première langue littéraire de l'Europe civilisée ». Mistral reçoit le Prix Nobel de littérature en 1904 conjointement à José Echegaray. Il consacrera le montant de ce prix à la création du Museon Arlaten à Arles. Il vécut dans une maison à Maillane, qui devint, après la mort du poète le 25 mars 1914 et celle de sa veuve, le 6 février 1943, le Museon Frederi Mistral. À Maillane, Mistral organise avec le poète Joseph Roumanille (Jousé Roumaniho en provençal) la renaissance de la langue d'oc. En 1854, ils fondent, avec cinq autres poètes provençaux à Châteauneuf-de-Gadagne (Vaucluse) le Félibrige, association régionaliste qui a permis de grandement promouvoir cette langue. Placé sous le patronage de sainte Estelle, ce mouvement accueillera des poètes catalans chassés d'Espagne par Isabelle II. Il en sera le premier "capoulié" (président) de 1876 à 1888. Par son œuvre, Mistral réhabilite la langue d'oc en la portant aux plus hauts sommets de la poésie épique : la qualité de cette œuvre sera consacrée par les plus hauts prix. Il se lance dans un travail de bénédictin pour réaliser un dictionnaire et, à l'instar des troubadours, écrire des chants, et des romans en vers, à l'imitation d'Homère, comme il le proclame dans les quatre premiers vers de Mirèio, se définissant comme « un humble élève du grand Homère".


Marcel Pagnol (Aubagne 1895 – Paris 1974) est un écrivain, dramaturge, cinéaste et producteur français. Il devient célèbre avec Marius, pièce représentée au théâtre en mars 1929. Il fonde à Marseille en 1934 sa propre société de production et ses studios de cinéma, et réalise de nombreux films avec les grands acteurs de la période (en particulier Raimu, Fernandel et Pierre Fresnay) : Angèle (1934), Regain (1937), La Femme du boulanger (1938)…En 1946, il est élu à l'Académie française. Après 1956, il s'éloigne du cinéma et du théâtre, et entreprend la rédaction de ses Souvenirs d'enfance avec notamment La Gloire de mon père et Le Château de ma mère.


Joseph Roumanille (en provençal: Jousé Roumaniho selon la norme mistralienne ou Josèp Romanilha selon la norme classique), né le 8 août 1818 à Saint-Rémy-de-Provence, mort le 24 mai 1891, est un écrivain français d'expression provençale. En 1854, au château de Font-Ségugne (commune de Châteauneuf-de-Gadagne, Vaucluse), il est cofondateur du Félibrige (sous le patronage de sainte Estelle). Il devient libraire-éditeur sur Avignon en 1855. Sa maison d'édition éditera Armana prouvençau (l'Almanach provençal) ou encore Mireille de Frédéric Mistral. Lorsqu'en 1862 le Félibrige s'organise en association, Joseph Roumanille est nommé son secrétaire1. Il était l'époux de la félibresse Rose-Anaïs Gras, sœur de Félix Gras. Joseph Roumanille publie des feuilletons dans la presse régionale en français et en provençal.








Extraits du travail d'Eliane Dauphin.









mardi 20 octobre 2015

C'est en 1903 que l'histoire républicaine s'est invitée dans la toponymie des rues cuersoises





Après un siècle où la France  avait connu  toutes les formes de gouvernement:Empire, Monarchies, Républiques, où notre pays avait été secoué plusieurs fois par des mouvements populaires et des révolutions, la IIIème République apparaissait encore fragile en ce début de XXème siècle et il fallait l'ancrer dans l'esprit de la population.

Une séance municipale très importante pour la toponymie  
C'est dans cette optique que, le 12 avril 1903 le Conseil Municipal, réuni en séance, décida de changer le nom de 23 rues à Cuers et ce changement fut approuvé par la Préfecture du Var à Draguignan le 24/04/1903 puis par le gouvernement à Paris le 21/09/1903 sous la présidence d' Émile Loubet

Les noms anciens font référence au domaine religieux (ex : Ste Ursule, St François, la Chapelle, St Martin…) ou à  l’histoire et à la toponymie locale (rue des 500 francs, rue Fontaine d’Hugues…) alors que les nouveaux  font référence aux idéaux républicains ou sont pour la plupart les patronymes d’hommes illustres ayant combattu pour les libertés et la défense de la République

Dés le XIXe s. Cuers était une commune marquée par les idées socialistes et progressistes. Elle avait participé à l’insurrection contre le coup d’État de Napoléon III (4,5 déc.1851). Elle s’inscrivit dans la mouvance républicaine qui dominait alors dans le département du Var.
A Cuers, les élections municipales de 1901 s'étaient déroulées dans une atmosphère houleuse. Le candidat de droite M. Emmanuel perdit la majorité mais refusa de démissionner. Il fallut que le gouvernement frappât de dissolution le Conseil Municipal
De nouvelles élections eurent lieu le 8 septembre 1901. Sur 718 votants, la liste de M. Brun, avocat , socialiste remporta 500 voix contre 200 à son adversaire M. Emmanuel. Cela permit à François Brun de devenir maire. Il le resta jusqu’en 1921.

Le grand combat de ce début du siècle fut celui de la séparation de l’Église et de l’État qui aboutit à la loi de 1905 faisant de la France un État laïque. Dans le microcosme cuersois, ce combat prit toute sa place comme en témoigne le rapport de la séance du Conseil Municipal du 07/06/1903.Il vota à l’unanimité le vœu suivant 
« En présence de l’odieuse campagne de calomnie dirigée contre le gouvernement, le CM de Cuers lui renouvelle l’assurance de son dévouement et l’engage à persévérer dans l’application des lois et à assurer par les moyens les plus rapides et les plus énergiques la séparation de l’Église et de l’État toujours désirée par les sincères républicains »
C’est donc dans ce contexte que fut prise la décision de donner aux rues de Cuers des noms  qui feraient entrer cette ville dans l'ère républicaine et laïque     


Voyons donc maintenant de plus près ces changements
Si l'on se réfère au plan historique, ils concernent quatre périodes essentielles du XIXe siècle :
    • La Révolution (1789-1799)
    • La   Seconde République (1848-1851)
    • Le coup d’État de 1851 et le Second Empire (1852-1870)
    • La guerre de 1870 et la Commune

Quels souvenirs marquants de ces périodes  voulurent évoquer ces élus de 1903à travers ces nouveaux noms  ?

I La Révolution

Rue des Droits de l'Homme (anciennement rue de la Chapelle)

Cette rue, située dans les vieux quartiers, relie la rue Panisson à la Place Victor Hugo. Ces 2 noms ont été également donnés à ces rues lors de la même séance.Son nom rappelle la Déclaration des Droits de l'Homme :
Ainsi, les sujets de « Sa Majesté » deviennent des citoyens disposant de tous leurs droits. elle a un caractère universel
Parmi ceux- ci : la Liberté et l’Égalité , qui, avec la Fraternité adoptée en 1848 deviendront la devise de notre République





 C'est sans doute dans cet esprit que nos édiles voulurent que deux rues rappellent ces principes


 Rue de la Liberté. : anciennement appelée   rue de la Comédie  parce qu'il y avait un théâtre, relie le pont du Miege Pan à l'actuelle place du Général de Gaulle


Rue de la Fraternité  anciennement rue Neuve

Située de l'autre côté de la Place du Général de Gaulle ,elle rappelle le mot d'ordre de la Révolution de 1848 qui voulait instituer dans le pays « une ère de paix et de bonheur » (Lamartine qui siégeait au Gouvernement Provisoire de la Seconde République)
C'est dans cet esprit également que furent plantés les arbres de la Liberté
Le micocoulier de Valcros, planté en février 1848, en est un vivant exemple


Il existe également une rue de l’Égalité mais son nom lui a été attribué plus tard.

Place Mirabeau

Anciennement Place Saint Louis, elle est ornée d'une belle fontaine près de la route de Toulon (actuellement avenue Gabriel Péri)
Le comte de Mirabeau (1749-1791)  Plusieurs fois emprisonné, il dénonça l'absolutisme royal. il fut élu député du Tiers État d'Aix en Provence à l'Assemblée Constituante de 1789. Il en fut le plus grand orateur. Il y joua un rôle décisif : défenseur de la liberté de la presse, il participa à l'élaboration de la Déclaration des Droits de l'Homme et proposa la vente des biens du clergé. Accusé de trahison il mourut avant d'être jugé. Il resta très populaire dans le var et les Bouches du Rhone.







Place de la Convention

C'était l'ancienne Place d' Armes, vaste place derrière l'ancien hôtel de ville construit en 1828, elle servait pour le marché. On trouve en son centre une très belle fontaine.
La Convention fut le nom donné à la nouvelle assemblée constituante en 1792, après la chute de la monarchie (journée du 10 août 1792) .
C'est le nom américain pour désigner une assemblée constituante
Elle proclama la première République le 21 septembre 1792.


Rue Hoche
Anciennement rue Cendrillon, elle se situe près du Pont sur le Meige Pan entre  la rue de la Liberté et la rue de la République
En 1792, face à la coalition des Monarchies européennes contre la Convention, Lazare Carnot, membre du Comité de Salut Public, prit la direction des armées. Il décida de recruter des jeunes chefs militaires de grande valeur, issus du rang.
 Lazare Hoche (1768-97), fils d'un palefrenier, caporal en 1789 devint général à 25 ans. En 1793, en Alsace, il repoussa les armées autrichiennes et prussiennes du Duc de Brunswick et reprit définitivement le territoire.
Le printemps 1794 fut marqué par la lutte entre les différentes factions de la Convention Montagnarde. Hoche, membre comme Danton du Club des Cordeliers,fut arrêté le 20 mars 1794. Il ne sortit de prison qu'en août  après la chute de Robespierre. Dès sa sortie de prison, il fut appelé à la tête des armées de Brest et Cherbourg pour pacifier l'Ouest aux mains des Chouans et des Vendéens. En 1795, les Anglais, aidés par des émigrés royalistes français et des Vendéens, tentèrent un débarquement à Quiberon. Hoche les isola dans la presqu'île « Les anglos émigrés chouans sont bloqués comme des rats » dit-il le 7 juillet.
Il défit les Chouans et obtint alors le commandement de toutes les armées de l'Ouest.
En 1797,nommé général en chef de l'armée de Sambre et Meuse, il remporta encore plusieurs victoires
 Rentré à Paris  il refusa le ministère de la Guerre qu'on lui proposait. Mais il conservait de sérieux ennemis . Après avoir par deux fois échappé à des tentatives d'assassinat, il mourut dans d'atroces douleurs le 17 septembre 1797 à l'âge de 29 ans, persuadé d'avoir été empoisonné « Suis-je donc revêtu de la robe empoisonnée de Nessus » furent ses dernières paroles
Des honneurs funèbres lui furent rendus tant dans l'armée que dans tout le territoire.
C'est sans doute son rôle dans les guerres contre les Chouans et les Vendéens, royalistes catholiques, que nos conseillers municipaux de 1902 avaient voulu mettre en exergue



II La Seconde République 



 50 ans séparèrent la Révolution et la 1ère République de la Seconde
Entre les deux plusieurs formes de gouvernement s'étaient succédé :
Empire (1804- 1815)
Restauration : Monarchies conservatrices jusqu'en1830
Monarchie de Juillet (1830- 1848) après la Révolution de 1830.
En 1830, le mouvement révolutionnaire n'avait pas été assez puissant pour déboucher sur une nouvelle République. Des hommes, comme Thiers, avaient su faire accepter une nouvelle monarchie : la Monarchie de juillet.
Seule concession accordée aux insurgés : le roi de France devenait roi des Français et reconnaissait le drapeau tricolore. Louis Philippe allait régner 18 ans de 1830 à 1848.
Mais l'immobilisme du gouvernement Guizot et le suffrage censitaire mécontentaient de plus en plus de Français et en 1848 la Révolution éclata de nouveau

Maurice Agulhon dans son livre « La République au village » a montré comment la population cuersoise avait été gagnée par les idées révolutionnaires
Entre 1830 et 1848, il note  que Cuers comptait peu de notables. La ville vivait essentiellement de l'agriculture avec prédominance du salariat agricole. Sa population était surtout composée de prolétaires gagnés par les idées révolutionnaires et de classes moyennes  à l'esprit démocratique.  Ces idées étaient surtout propagées dans les sociétés secrètes, les « chambrées » auxquelles de nombreux Cuersois adhéraient 

 C'est donc dans ces conditions que la Seconde République fut particulièrement bien accueillie à Cuers et ses dirigeants appréciés, parmi lesquels Ledru-Rollin

Rue Ledru-Rollin Anciennement Rue Saint Martin, elle est parallèle à la Rue de la République

Ledru-Rollin 
Né le 2 février 1807 à Paris et mort le 31 décembre 1874 à Fontenay-aux-Roses aux Roses
Avocat, député radical en 1841, il s'opposa au gouvernement de Guizot sous la Monarchie de Juillet. En 1846 il réclama le suffrage universel. Il voulait des réformes pour faire face à la misère du peuple. Il fonda le journal La Réforme avec Louis Blanc. 
Il participa à partir de 1847 à la campagne des Banquets qui permettait de contourner la loi interdisant les réunions politiques. Cette campagne aboutit à la Révolution de février1848. Alors la Monarchie de Juillet fit place à la Seconde République
Ledru-Rollin devint ministre de l'Intérieur dans le Gouvernement provisoire mais il fut rapidement exclu du pouvoir
En  décembre 1848, il se présenta aux élections présidentielles. S'il n'obtint que 5% des suffrages à l'échelon national, à Cuers, avec 292 voix il devança largement le candidat L. N. Bonaparte qui n'obtint que 61 voix
En 1849, élu député à l'Assemblée Législative,chef d’un groupe de plus de 200 députés La Montagne, il s'opposa à la politique réactionnaire de la nouvelle assemblée. Après l'échec d'une manifestation contre le gouvernement, il dut s'enfuir en Angleterre d'où il ne revint qu'en 1871 après la proclamation de la Troisième République.
Il fut réélu député en 1871 et 1874.

A Cuers, la population rurale était partisane de la politique voulue par les Révolutionnaires
C'est ainsi qu'en août 1848,furent élus un maire propagandiste de Ledru-Rollin et de la Montagne (Jacob : Histoire chronologique de Cuers) : le docteur Victor Roubaud, démocrate socialiste,et un conseil municipal panaché de républicains modérés et de républicains avancés

Mais les espoirs démocratiques de février1848 furent vite déçus. Les conservateurs s'appuyèrent sur la peur engendrée par les événements de juin :
les ouvriers, mécontents de la fermeture des ateliers nationaux qui leur assuraient du travail dans cette période de crise économique, se révoltèrent. Ce fut une véritable insurrection de la colère et de la misère. Elle fut tragiquement réprimée

Parmi les insurgés, figuraient Benjamin Flotte et Blanqui dont nous parlerons plus tard.
 Mais dans le pays, les partisans de la République sociale étaient encore peu nombreux. Seule la ville de Marseille connut un soulèvement analogue à celui de Paris
 L'insurrection avait provoqué dans les rangs conservateurs « une peur sociale ». L'armée, dirigée par le général Cavaignac, réprima férocement le mouvement. 
Les nouveaux dirigeants de la République prirent des mesures répressives :
    • Poursuite et condamnation des responsables de l'insurrection  au bagne ou à la mort
    • Fermeture de nombreux journaux
    • Surveillance de la population : A Toulon, l'amiral Bruhat, nouveau préfet maritime adressa un avertissement aux 5000 ouvriers de l'arsenal
    • Des clubs furent fermés. Ne pouvant s'exprimer librement, l'opposition républicaine se réfugia à nouveau dans les « chambrées » 
En novembre 1848, la France se dota d'une nouvelle constitution qui prévoyait  l'élection d'un président de la République élu pour 4 ans au suffrage universel. Il ne pouvait être réélu immédiatement à la fin de son mandat
Le 10 décembre 1848 le premier président, élu à une large majorité (74%) fut Louis Napoléon Bonaparte.  A Cuers , cependant, comme nous l'avons montré concernant la rue Ledru-Rollin, c'est celui-ci qui obtint le plus de suffrages.
Dans l'été 1851, à Cuers, le maire élu et son conseil municipal furent révoqués et remplacés sur ordre de l'administration centrale par le Maire Barralier et un nouveau conseil municipal contre-révolutionnaire. Dès lors la tension ne cessa de monter
  1. Agulhon (op. Cité) rapporte ces propos de Barralier «  la population rurale presque entière et une partie des artisans étaient gagnées aux idées démagogiques... »
 En fait, la population ne comprenait pas qu'on remit en cause ses choix électoraux 

Le coup d’État du 2 décembre 1851
Louis.Napoléon Bonaparte agita la menace de troubles insurrectionnels, se présenta comme le garant de l'ordre établi et demanda à l'assemblée une révision de la constitution afin de pouvoir se représenter en 1852.
Celle-ci lui fut refusée et il envisagea alors le recours au coup d’État.
La date du 2 décembre ne fut pas choisie au hasard. C'était l'anniversaire d’Austerlitz (1805) et du sacre de Napoléon 1er (1804)

La nouvelle du Coup d’État fut connue à Cuers le 4 décembre. Le bruit se répandit que la Révolution avait triomphé à Paris . Une délégation menée par Marius Désiré Mourre dit « le Pacifique » se dirigea vers la mairie. Le Maire refusa de communiquer les dépêches venues de la capitale et partit chercher du renfort à la gendarmerie. Il revint sur la place où la foule s'était rassemblée, persuadée que le départ du Maire signifiait l'échec du coup d’État.
Mourre déclara alors que le coup d’État entraînait la destitution des autorités en place. Le Maire fut arrête, une commission provisoire fut constituée
Une échauffourée éclata entre les deux camps, un coup de feu partit tuant le gendarme Lambert
Les insurgés forcèrent ensuite les portes de la gendarmerie et les bureaux de l'Enregistrement ne provoquant que des dégâts matériels.
A 11 heures du soir les troupes arrivèrent de Toulon. Très vite elles prirent le contrôle de la situation.  Dans la rue Saint-Pierre elles s'emparèrent de « La Pomone » une des chambrées considérée comme le repaire des républicains et près de là tirèrent sur le jeune Siméon Panisse, âge de 18 ans qui fut laissé pour mort après avoir été transporté (certains disent même traîné) sur la place de la mairie. Il succomba quelques heures plus tard à l'hospice
Dès le lendemain les arrestations se sont multipliées : les républicains en vue (dont le docteur  Roubaud) et les insurgés en tout plus de 400 hommes  dans un village de quelques 4000 habitants Les prisonniers furent conduits à Toulon sur des charrettes et attachés de deux en deux par le cou au moyen de cordes et de chaines fermées par des cadenas .191 furent jugés, 29 déportés en Algérie, 39 internés ou éloignés,  11 jugés aux assises
Trois lieux témoignent de ces événements dont une des 23 rues ayant vu leur appellation  changer en 1903



 Rue Panisson

Anciennement rue Fontaine d'Hugues, elle part de l'avenue Gabriel Péri (route de Toulon)   en face de la Place Mirabeau et monte vers la rue Nationale et le Patillon.
Elle rappelle le martyre du jeune Paul Siméon Panisse tué lors du coup d’État (voir plus haut)
Le jeune garçon, âgé de 18 ans,remontait la rue Queirade, effrayé à la vue des baïonnettes, il s'engagea dans la rue Fontaine d'Hugues où il devait trouver la mort, c'est pour cela que cette rue porte son nom


Le Foyer Mourre le Pacifique

Foyer des Anciens situé au rez de chaussée de l'actuelle mairie, il a été inauguré le 14 décembre 2001 dans le cadre de la commémoration de l'Insurrection de 1851 en présence de plusieurs historiens
Mourre le Pacifique était né à Cuers en 1823. Propriétaire, cultivateur,il était instruit.  Son surnom indique son caractère conciliateur. Il se battait pour  diffuser les idées républicaines et la démocratie socialiste. Cela devenant de plus en plus difficile (voir plus haut : la réaction à partir de 1849), il développa ses idées dans une des sociétés secrètes : la Pomone
Il a joué un rôle de premier plan lors de l'insurrection, à la mairie puis à la tête d'une farandole qui est allé pavoiser la statue de la liberté. Il a dirigé l'expédition contre les bureaux de l'enregistrement en veillant à ce qu'il n'y ait pas de débordement.
Arrêté avec son père et son frère, il fut d'abord condamné à mort. Sa peine fut commuée en déportation à Cayenne où il mourut  avec son frère. Son père, quant à lui, mourut fou à la prison du fort Lamalgue


Extraits du travail réalisé par Michelle Mattalia .